Alors qu’en Lorraine, 25 et 30 % des tués sur la route sont motards et motocyclistes, la Prévention routière demande la création d’un vrai permis à points pour les deux-roues.
C’est un des chiffres noirs de la sécurité routière : en 2008, 72 cyclomotoristes âgés de 14 à 17 ans sont morts sur les routes françaises et 5 091 ont été blessés.
DOSSIER
Le risque est maximal entre 16 et 17 ans, tranche d’âge qui concentre 75 % des tués. «Malgré les progrès réalisés sur la route, avec 10 000 vies épargnées et 120 000 blessés évités ces dernières années, cette bonne tendance ne se retrouve pas chez les deux-roues en général, les cyclomoteurs en particulier. Chez les 15-17 ans, c’est un scandale ! 59 % des victimes de la route sont des conducteurs de cyclomoteurs», s’inquiète Pierre Gustin, le délégué général à la Prévention routière, qui vient de lancer mardi une grande campagne intitulée «Mortel scooter» (lire par ailleurs) pour tenter d’endiguer l’hécatombe. «C’est toute la jeunesse qui trinque et en majorité des garçons, en zone rurale plus qu’en ville. Et encore, seuls 12 % des jeunes utilisent ce mode de locomotion. Je n’ose imaginer les statistiques s’il y avait plus d’usager encore ! »
Alors que les comportements au volant s’améliorent, que des progrès ont été réalisés sur l’alcool et la vitesse, pourquoi les jeunes en scooter ou en cyclo paient-ils encore un si lourd tribut à la route ? «Il est évident qu’il s’agit d’usagers vulnérables. Même si 98 % portent un casque, ils sont peu nombreux à utiliser bottes, blousons ou gants. Le pire, c’est le débridage des moteurs. De 45 km/h maximum, certains engins dépassent allègrement plus de 100 km/h.
Contrôle technique tous les deux ans
Enfin, il y a un vrai problème de formation, avec les seules cinq heures du Brevet de sécurité routière (BSR) ». Associé à l’adolescence, dont l’une des expressions est le sentiment «d’être invulnérable », le cocktail est ravageur.
Au-delà de la campagne 2009, le duo Prévention routière - Association française des assureurs rêve d’un permis à points pour deux-roues dès 14 ans. «Selon notre enquête, les jeunes et leurs parents y sont favorables. Ça les responsabilise. S’il y a un risque de perte de points et une véritable formation, avec théorie et pratique entre quinze et vingt heures, avec des épreuves tests et un fichier national, ça peut fonctionner. D’autant qu’il s’agirait d’une préparation au permis auto », plaide Pierre Gustin. Enfin, histoire d’enrayer la spirale des jeunes tués sur la route, la Prévention routière espère toujours qu’un «contrôle technique » des cyclomoteurs verra le jour, pour lutter contre le débridage des moteurs. «Quinze des vingt-sept pays de l’Union européenne le font déjà. Ça coûterait environ 30 à 50 € tous les deux ans ou les trois ans. C’est le seul moyen pour forcer les ados et les marchands à arrêter de débrider les engins ou de vendre des kits de débridage sous le manteau ». Pierre Gustin attend aujourd’hui des pouvoirs publics qu’ils aient «le courage de prendre certaines décisions fussent-elles impopulaires ».
Alain MORVAN.