Maria a 39 ans et mesure 1m49 pour un poids "supérieur à la moyenne"... Et malgré sa petite taille, elle a toujours eu envie de faire de la moto avec sa famille : c'est donc avec le code en poche qu'elle s'est inscrite au permis moto en septembre... Elle nous raconte son expérience.
J’ai pris mon premier cours début octobre : après avoir appris à passer les vitesses sur la béquille centrale d'une Suzuki 500 GSE, le moniteur me demande de démarrer : tranquillement, avec son aide, je m'élance, puis il me demande aussitôt de m’arrêter. Malheureusement mes pieds ne touchent pas par terre... et je tombe ! Pour un cours qui devait durer 2 heures, je me suis arrêté au bout d'une demi-heure, la peur au ventre...
Mon gentil moniteur Loïc, dont l'auto-moto école est à située à Bonnières-Sur-Seine (78), m’assure qu'il va me trouver une solution pour que je puisse commencer les cours. Après une attente de 15 longs jours, je teste une moto sur laquelle je peux toucher par terre : Loïc a changé les biellettes et rabaissé la fourche ! Je ne me sens pas hyper à l'aise, mais au moins je peux poser un pied au sol (pas les deux !), avec un basculement de droite à gauche en fonction du pied que je pose...
Les cours peuvent donc commencer, parsemés de quelques chutes bien entendu, sans compter les difficultés pour faire des demi-tours avec une moto qui est trop grosse, trop lourde et mes bras trop courts pour bien le faire... Mais finalement, après beaucoup, beaucoup de travail et d’heures (plus de 40 !), mes demi-tours passent ! Mon parcours lent se déroule bien et le rapide pas trop mal, sauf pour le demi-tour où je perds encore beaucoup de temps.
Et puis on découvre que pour l’examen, on ne peut pas être aidé : les difficultés recommencent car une fois sur la moto, à cause de mes jambes trop courtes, je ne peux ni enlever ni mettre la béquille sans aide, à moins d’avoir un petit trottoir à portée de pied... J'ai donc dû apprendre à enlever la béquille avant de monter sur la moto, et à l'enlever après être descendue (sans aide, bien sûr !). Encore de longues heures de travail !
J’ai même voulu abandonner à plusieurs reprises ma formation, car j’avais vraiment l’impression de ne pas avancer : "je ne peux pas réussir, je suis vraiment trop petite"... Mais je m'accroche : encore des chutes, encore des demi-tours ratés, encore le parcours lent qui ne passe plus, mais Loïc est toujours derrière moi et me répète inlassablement "tu ne dois pas baisser les bras ! tu n’as pas fait tout ça pour t’arrêter maintenant ! Allez, tu vas et tu dois y arriver !"... Sans oublier les encouragements de ma famille, qui m’a souvent accompagné à mes cours et dont l'aide a également été très précieuse.
Finalement, fin mai 2009 (soit presque un an après l’inscription !), le jour de l’examen plateau arrive... Sauf que ma belle Suzuki jaune ne veut pas démarrer ! Il a donc fallu que je fasse toutes les manoeuvres sans moteur sur une autre moto plus haute, avec beaucoup de difficultés et de souffrances... mais j’ai réussi !
Ensuite, après avoir poussé la belle Suzuki jaune pour qu’elle démarre, c’est au tour du parcours lent... qui passe très bien ! Et pour finir, des torrents de pluie se déversent sur le plateau et l’examen s'arrête pendant presque une heure avant les trois derniers candidats, dont je fais partie, bien sûr...
Enfin, c’est à moi de m'élancer pour le parcours rapide sur la piste détrempée... Et j'ai réussi ! Dans les temps impartis et juste sur la ligne A, un tout petit peu au-delà mais l’examinateur ne m’a pas sanctionnée. Nous repartons soulagés avec Loïc et je commence à me préparer au challenge suivant : la circulation !
Au programme : les dénivelés de la route, les démarrages en côte, les revêtements pourris, la pluie, le vent et les arrêts avec un seul pied parterre, en espérant à chaque qu’il n’y ait pas de trous ! Enfin, après une douzaine d'heures sur la route (très peu par rapport au plateau) et un mois jour pour jour après le l’examen plateau, c’est l’examen route...
Je n’ai rencontré aucun problème, hormis le fait que j’ai doublé un tracteur sur une ligne blanche... Mais l’examinateur m’a dit qu’avec tous les efforts que j’avais fait pour avoir mon permis moto, il ne pouvait pas ne pas me le donner et puis il était sûr que je ne recommencerai plus ce genre de bêtises...
Voilà : il m’a donc fallu un an, beaucoup de courage, beaucoup d’énergie et beaucoup de soutien... mais je l’ai eu, mon permis moto, et du premier coup ! Depuis, je me suis acheté une Suzuki 500 GSE que nous avons rabaissée aussi. Pour le moment tout se passe bien, sauf lors de l’arrivée sur un rond-point : une voiture me coupe la route, un dénivelé et hop c’est la chute avec mon fils derrière moi. Mais avec toutes ces heures de pratique, au moins j’avais appris à tomber et mon fils aussi, sans bobo ni casse !
Je dois une fière chandelle à mon moniteur, Loïc, car sans lui je n’aurais pas mon permis moto aujourd’hui : par curiosité, je suis allée me renseigner dans d’autres moto-écoles qui ne souhaitaient pas me prendre car j’étais "vraiment trop petite"...
Enfin, ma petite expérience a donné beaucoup de courage aux personnes autour de moi, qui n’osaient pas à cause de leur petite taille. J’espère que je donnerais également envie à ceux qui me liront ! Car franchement, quelle que soit votre taille, la moto c’est trop bien ! N'hésitez pas à m'envoyer vos messages via la rédaction qui transmettra : je serais ravie de discuter avec celles et ceux qui ont encore des appréhensions !
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Maria WILLAIT - Photos DR -
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