Le seul circuit moto de la région parisienne est menacé après que le conseil général a divisé par dix ses subventions. Elus et motards réclament une table ronde avec l’Etat et la région.
C’est un lieu qui attire chaque année 18 000 à 20 000 motos, un lieu vieillissant dont on prédit depuis des années le déménagement ou la reconstruction. Mais, cette fois, c’est bien la fermeture qui guette le circuit Carole, sur le territoire de Tremblay-en-France. Le conseil général de Seine-Saint-Denis a en effet décidé de diviser sa subvention annuelle… par dix! La Semipfa, société d’économie mixte en charge de la gestion du site, ne touchera cette année que 37000 €, contre 370 000 € en 2009.
Dans l’entourage de Claude Bartolone, président socialiste du département, on explique la mesure par un calcul simple. « Seuls 10% des usagers viennent de Seine-Saint-Denis, il est logique que le département assume le financement à cette hauteur. Il faut que l’Etat se ressaisisse du dossier! »
En attendant, les jours de ce circuit, installé depuis 1979 sur des terrains de l’AFTRP (établissement public d’aménagement urbain), semblent comptés.
« Je comprends le point de vue du conseil général, en proie à des difficultés financières. Mais si on ne reçoit plus les fonds, la question se posera de fermer le circuit. Il y a 13 salariés affectés à la gestion du site, comment fera-t-on pour les payer? » s’interroge Mahdani Ardjoune, élu de Tremblay et président de la Semipfa.
Celle-ci dispose d’autres fonds, liés à la gestion de logements sociaux à Tremblay, Villepinte et Sevran. « Mais l’argent du logement social ne peut financer le circuit, la loi l’interdit », précise Mahdani Ardjoune.
Du côté des motards, on fulmine. « On ne va pas laisser fermer le seul circuit moto de région parisienne! » martèle Philippe Guérin, de la Fédération française des motards en colère (FFMC). L’association est très impliquée dans la vie du site, et a d’ailleurs participé à la réflexion sur sa rénovation. Elle y gère notamment une « motothèque », centre de documentation en rapport avec ce sport. « C’est devenu un lieu à vocation sociale, pédagogique, qui accueille chaque année des stages de perfection de conduite, des opérations de prévention routière », rappelle Eric Thiollier, l’un des délégués de la FFMC, qui devrait rencontrer prochainement les représentants de la Fédération française de motocyclisme pour envisager des actions communes.
Un collaborateur de Claude Bartolone le reconnaît sans hésiter : « C’est un lieu d’utilité publique. » Le conseil général de Seine-Saint-Denis réclame désormais une « table ronde d’urgence », réunissant l’ensemble des acteurs concernés, à commencer par l’Etat et la région.