Alors que le projet de transférer la Sécurité routière sous la tutelle du ministère de l'intérieur (en lieu et place des transports) fait son chemin dans les bureaux de l'Elysée, les associations de motards et d'automobilistes y sont clairement opposées.
Interrogés par Moto-Net.Com, les représentants de la Fédération française des motards en colère mais bientôt citoyens (FFMC) font notamment valoir que ce transfert de tutelle, qui devrait être annoncé dans les prochains jours par Nicolas Sarkozy, "n'est pas de bon augure pour le devenir de la "politique de sécurité routière" actuellement menée, qui semble se résumer à la multiplication des verbalisations et de la répression, ni pour les usagers de la route qui vont continuer à se faire verbaliser à tour de bras", même si "la DSCR est une délégation interministérielle qui dépend donc déjà pour partie de l'intérieur, comme de l'équipement et des transports".
FFMC : "les radars sont comme une drogue à accoutumance : plus on en met, moins le nombre de tués baisse !"
"On se tue à répéter que seules l'éducation, la formation et l'information sont des gages d'une amélioration durable de la sécurité sur les routes, alors qu'a contrario les radars sont comme une drogue à accoutumance : plus on en met et moins le nombre de tués baisse", remarque Eric Thiollier, délégué général de la FFMC. "On a vu les limites de ce système le mois dernier et on notera aussi le blues de certains flics qui nous indiquent qu'ils n'ont jamais autant verbalisé (politique du chiffre) mais qui malgré tout enregistrent une hausse de la mortalité sur leur département"...
Même son de cloche pour Philippe Leduncq, membre du Bureau national de l'association de défense des motards : "la logique de notre gouvernement est respectée : la politique spectacle et ultra rapide en termes de chiffres fonctionne dans l'opinion publique. La prévision de ce changement de ministère n'était pas difficile à voir dès la nomination de notre Brice national ! Nous devons nous préparer à une longue année 2010"...
Même du côté des automobilistes, généralement plus enclins à se laisser tondre sans moufter, l'association 40 millions d'automobilistes fait elle aussi savoir qu'elle n'est "pas favorable à une mise sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, car c'est montrer que l'on est uniquement sur le tout répressif et le contrôle".
40 millions d'automobilistes : "on donne manifestement réponse aux associations de victimes, c'est-à-dire à l'émotionnel pur"
Son délégué général Laurent Hecquet, interrogé par l'AFP, rappelle que "depuis les années 1970, l'amélioration des véhicules et des infrastructures a contribué très largement à la baisse de l'insécurité routière", alors qu'en évoquant l'hypothèse d'un changement de tutelle, "on donne manifestement réponse aux associations de victimes, c'est-à-dire à l'émotionnel pur", a-t-il regretté.
40 millions d'automobilistes, qui revendique plus 320 000 adhérents, prône une refonte des statistiques de la sécurité routière, sous la responsabilité d'une "instance neutre" intégrant "une pluralité d'analyses : celle des usagers, des assurances et des victimes".
Michèle Merli et Jean-Louis Borloo : "no comment !"
Au sein du gouvernement, les positions sont certainement plus nuancées qu'il n'y paraît dans les déclarations officielles, mais pour l'instant seuls ceux qui sont ouvertement favorables au changement de tutelle s'expriment : interrogée par Moto-Net.Com, la délégué interministérielle Michèle Merli nous a fait savoir qu'elle n'avait "pas de commentaire à faire", pas plus que le principal intéressé, le ministre des transports Jean-Louis Borloo himself...
Le ministre de l'intérieur Brice Hortefeux a pour sa part confirmé que le rattachement de la Sécurité routière à l'intérieur était bien "envisagé", tandis que le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau déclare ce matin qu'il ne s'y opposera pas : "c'est une réflexion qui est en cours et en tant que ministre en charge des transports, je n'y vois aucun inconvénient".
"Je pense que nous sommes là dans le domaine régalien", estime M. Bussereau : "le fait que ce soit un ministère régalien qui prenne en charge le dossier, travaillant bien sûr avec tous les autres ministères (...), moi ça ne me choque pas du tout", poursuit-il, promettant de ne "pas mener de combat d'arrière-garde" sur le sujet, même si "bien sûr il faut que Jean-Louis Borloo en soit d'accord, c'est une discussion qui est en cours"...
Et pourquoi pas la Défense ?
Pour bien montrer que la "sécurité" routière passe désormais essentiellement par une répression de plus en plus injuste, peut-être pourrait-on envisager directement son rattachement au ministère de la défense, avec au bord des routes non plus des radars mais des tirs de rafales automatiques déclenchés par le moindre kilomètre/heure excédentaire ?
SOURCE MOTO-NET.COM