Selon un rapport sénatorial concernant le projet de loi de finance 2010, avec un budget alloué par le gouvernement en baisse, l’état des routes dans toute la France n’est pas près de cesser de se dégrader.
« Rabotés ! » C’est ainsi que débute un article du mensuel l’Argus (de l’automobile et des locomotions, décembre 2009) concernant les crédits alloués par l’État, dans le projet de loi de finance 2010, à « l’entretien préventif (des routes) et aux grosses réparations ».
Selon un rapport général afférent à ce fameux projet de loi de finance 2010 rédigé par 4 sénateurs (voir noms ci-contre), les financements d’état affectés à la maintenance du réseau routier « connaissent une diminution importante de 23,3%... »
Résultat prévisible selon ces élus : « La tendance générale à la dégradation du réseau routier national n’est pas encore enrayée. » En des termes plus techniques, les sénateurs nous apprennent aussi que le le revêtement de surface sur lequel nous roulons ne sera renouvelé qu’à 6% en 2010 (niveau de 2008), contre 8% en 2009.
Pour « assurer une durée de vie optimale des chaussées », les sénateurs estiment que le minimum vital devrait être de 6,7%, le haut de la fourchette se situant à 12 %.
La première conséquence de ces restrictions budgétaires est « une altération de la sécurité routière », note le mensuel l’Argus, « principalement ressentie par les deux-roues, justement considérés comme les usagers envers lesquels le plus d’efforts doivent être déployés ».
En de bons mots, ces choses-là sont dites que les motards aimeraient plus souvent entendre.
« Nous voyons bien, depuis que nous participons à la concertation visant, selon le gouvernement, à réduire la sinistralité des 2-roues motorisés, que la DSCR pratique un double langage », constate Marc Bertrand, coordinateur sécurité routière pour la FFMC (Fédération française des motards en colère). « D’un côté Michèle Merli (déléguée interministérielle à la sécurité routière) nous dit qu’il faut que le 2RM soit "mieux pris en compte". De l’autre, le budget pour résoudre les problèmes d’amélioration et de maintenance des routes diminue. »
Si le présent constat concerne principalement le réseau national, le réseau départemental est encore plus concerné. Grâce au tour de passe-passe des lois de décentralisation, de nombreuses nationales sont devenues départementales avec une maintenance à la charge des régions.
Le coût de cet entretien s’avérant colossal, il n’est pas difficile d’imaginer ce qui reste pour les voies secondaires et de proximité. Des choix cornéliens sont souvent à faire entre la route et les autres infrastructures sociales non moins indispensables, comme les écoles, les bibliothèques, l’aide au logement, les transports en communs.
C’est au point que dans certaines régions, comme l’Auvergne, le projet est très avancé de concéder des portions de nationale comme la RCEA (Route Centre Europe Atlantique) à des concessionnaires privés. Ceci est d’ailleurs un véritable sujet de désaccord entre les élus locaux des divers départements attenants.
Certains, comme le Conseil général de l’Allier, ont voté l’approbation mais dans les départements limitrophes, comme la Saône-et-Loire, cela n’est pas entendu de la même oreille : l’obligation de faire payer fait craindre un éventuel reflux de trop nombreux véhicules sur les voies environnantes.
On en est là !
C’était prévisible, et nos confrères de Marianne comme d’Auto Plus avaient déjà donné plusieurs fois l’alerte quant à cette très subtile manœuvre gouvernementale.
« Les élus locaux, qui se retrouvent à devoir assumer un entretien des routes et de certaines infrastructures ferroviaires à la place de l’État, viennent en plus de perdre le revenu de la majeure partie de la taxe professionnelle », indique Claire Striffling, attachée de presse du Conseil régional de l’Allier.
De ce fait, ils sont acculés à la solution de faire payer le chaland qui passe. Une solution certes « de bon sens » sur le plan financier immédiat, mais terriblement régressive d’un point de vue social et pour la liberté de circulation.
Car bien-entendu, et comme cela sera peut être aussi le cas dans d’autres départements pour d’autres routes, les « locaux et les caboteurs » (livreurs, transporteurs en desserte locale) ne seront point tenus de payer l’octroi.
(Sources : l’Argus de l’automobile et
www.senat.fr)