La Fédération française des motards en colère et la Fédération française de motocyclisme en ont ras le casque de l'acharnement répressif sur les routes : la première appelle à la résistance et la seconde dénonce une situation devenue insupportable... Après plusieurs mois de palabres dans le cadre de la fumeuse concertation sur les deux-roues motorisés, la Fédération française des motards en colère (FFMC) et la Fédération française de motocyclisme (FFM) doivent se rendre à l'évidence : les belles promesses de prises en compte des spécificités des motards et des scooteristes sont bel et bien noyées sous un flot de répression aveugle et d'a priori tenaces...
Agacée par cette politique du bâton qui considère implicitement que chaque conducteur est un délinquant en puissance, la FFMC a déjà tiré la sonnette d'alarme en organisant une manifestation en mars afin de démontrer aux autorités que les motards étaient fatigués par l'obstination du gouvernement, dont le scénario idéal consisterait à "fliquer" chaque kilomètre de routes françaises (lire
MNC du 15 mars 2010)...
Or ce vaste coup de gueule, ainsi que les multiples réunions avec la déléguée interministérielle à la sécurité routière Michèle Merli, officiellement prête à prendre en compte les revendications des motards mais qui se referme comme une huître à la moindre demande concrète, ne débouchent pas - loin s'en faut ! - sur la reconnaissance escomptée...
Face à l'augmentation de la répression ciblée et au manque de résultats que nous constatons après dix mois de concertation, il nous semble désormais nécessaire de lancer un appel à la résistance aux usagers de deux-roues motorisés", tranche en conséquence la FFMC.
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Cet appel à la résistance des motards, scooteristes et motomobilistes sera notre mot d'ordre", poursuit l'association avec une emphase digne de l'Appel du 18 Juin ! Un parallèle d'autant plus saisissant que la FFMC a décidé de remettre ses revendications aux préfets en date du... 18 juin 2010 !
Parmi ces doléances, le refus du contrôle technique pour les cyclos (lire
MNC du 18 février 2010), l'allégement fiscal sur les équipements, la légalisation de la circulation inter-files et la promotion de la prévention et de la formation sont bien entendu érigées comme autant de raisons de la colère pour la FFMC, qui demande "
aux motards de France de se rapprocher des antennes départementales de la FFMC afin d'organiser la résistance dans leurs départements et d'exprimer haut et fort ces revendications".
"Depuis plus de 35 ans le nombre de morts sur les routes diminue régulièrement, répression ou pas !"
De son côté, la Fédération française de motocyclisme, désormais bien présente aux côtés de la FFMC pour la défense des droits et des spécificités des deux-roues, s'insurge que les résultats du sondage "Les Français et la sécurité routière" mené par les instituts Ipsos et CSA n'aient pas provoqué plus de réactions et de considération de la part des pouvoirs publics (lire notre encadré ci-contre et
MNC du 28 avril 2010).
Les Français face à la répression |
72% des Français considèrent que la répression routière a atteint son seuil d'intolérance et s'opposent à un durcissement de celle-ci 86% des Français affirment qu'une infraction routière, aussi grave soit-elle en dehors d'un accident, ne doit pas conduire en garde à vue (250 000 gardes à vues concerneraient des infractions routières) 72% des Français sont favorables à ce que les petits excès de vitesse ne soient pas sanctionnés par un retrait de point 57% des Français jugent que le gouvernement n'agit pas suffisamment pour améliorer la sécurité des deux roues motorisés sur les routes françaises en termes d'infrastructures routières 69% des Français considèrent que les deux-roues motorisés sont une solution pour désengorger les agglomérations MNC du 28 avril 2010
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Particulièrement remonté contre cette absence de prise en compte, le président de la FFM a tenu à s'adresser clairement au gouvernement : "
même si les mesures prises ces dernières années ont accéléré un peu les choses en termes de baisse de l'accidentologie, il faut de toute façon être bien conscient que depuis plus de 35 ans le nombre de morts sur les routes diminue régulièrement, répression ou pas !"
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A mon sens, si la répression est privilégiée aujourd'hui, c'est qu'elle permet des effets d'annonce", dénonce avec pertinence Jacques Bolle. "
Mais on sait très bien qu'il existe d'autres axes, notamment en matière de formation et d'amélioration des infrastructures routières, spécialement pour les deux-roues. Ceux-ci sont peu exploités car coûteux et beaucoup moins spectaculaires parce qu'il s'agit d'un travail sur le long terme", poursuit l'ancien pilote de vitesse.
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Le sondage que nous avons fait effectuer démontre clairement que la carte de la répression, qui est très largement utilisée par le gouvernement, n'est plus supportable aujourd'hui pour les Français, qu'ils soient motards ou automobilistes", conclut-il sous forme d'avertissement... A suivre : restez connectés !